Bien qu’elle ait baigné dans un environnement d’entrepreneurs agroalimentaires, la cheffe Mokgadi Itsweng a d’abord travaillé dans la publicité avant de se réinventer dans le monde de la cuisine engagée. Rédactrice gastronomique, styliste et restauratrice, Mokgadi est devenue une activiste. Derrière ses plats végétaux colorés et profondément enracinés dans les traditions indigènes, se cache une mission puissante : réconcilier les Sud-Africains avec leur héritage culinaire, redonner leur place aux céréales ancestrales comme le mil et le sorgho, longtemps effacées par le colonialisme et l’apartheid, et réparer un système alimentaire inégalitaire. « Mon histoire personnelle d’allergies alimentaires m’a inspirée à explorer un mode de vie végétalien. Cette exploration m’a permis de comprendre comment notre système alimentaire défaillant contribue aux maladies liées au mode de vie et à la santé de la planète. Ma passion est donc née du besoin de me soigner, d’enseigner aux autres et d’être le changement que je souhaitais voir dans le monde. » Ambassadrice de la FAO pour l’Année du millet, membre active du Chef’s Manifesto, elle fait rayonner ses engagements jusqu’à la COP28, avec un restaurant pop-up à base de plantes africaines. Son livre Veggielicious Cookbook, primé aux Gourmand Awards, célèbre une cuisine végétale, curative et connectée à la terre. Elle qui « milite pour une alimentation indigène végétale, accessible et respectueuse du climat, pour notre santé et celle de la planète » a également été récompensée en 2024 par le prix Game Changer aux Black Women in Food Awards.
Mouvement
Black Women in Food
Partant du constat que dans l’industrie de l’alimentation et des boissons, les femmes noires sont souvent invisibilisées, sous-financées et manquent d’opportunités, Maame Boakye et Nina Oduro, cofondatrices de Dine Diaspora, ont lancé, en 2018, le Black Women in Food (BWIF), un mouvement dédié à leur reconnaissance, leur épanouissement et leur leadership. « Nous offrons aux femmes un espace pour tisser des liens intersectoriels dans l’industrie alimentaire, des médias à la cuisine, en passant par l’agriculture et le capital-risque » explique Maame Boakye. Organisation à but non lucratif, le BWIF organise les Black Women in Food Awards, qui célèbrent chaque année des parcours exemplaires dans neuf catégories différentes, comme les Actrices du changement, telle Mokgadi Itsweng ou Farrah Barrios, les Innovatrices, les Créatrices, les Cuisinières, les Restauratrices… Lors de son sommet annuel, véritable carrefour d’échanges et de savoir, le BWIF redonne voix et visibilité à celles qui ont longtemps été tenues à l’écart. Des modules d’accès au capital, des concours de pitch, une plateforme de mise en réseau : tout est pensé pour briser les plafonds de verre et ouvrir des portes, durablement. « En nous concentrant sur leurs besoins, nous offrons aux femmes en première ligne l’opportunité de s’épanouir grâce au soutien mutuel. Grâce à la reconnaissance, à l’accès au capital et à un réseau solide, nous sommes convaincus que les femmes noires pourront faire progresser leur travail et être vues, reconnues et rémunérées équitablement » détaille Nina Oduro.
